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Svalbard : le bout du bout du monde… ! (reportage)



Des paysages ensorcelants
Des paysages ensorcelants
Texte et photos : Yves Ouellet ---- Certains voyageurs qui disent refuser de marcher dans les sentiers battus, sont toujours en quête de la destination ultime. Celle que personne ne connaît ni n’a entendu parler. La plus exotique qui se puisse. Seule, singulière, exclusive et unique ! Le Svalbard est pour elles !

En amorçant sa descente, après 3 heures de vol franc nord, à partir d’Oslo, l’avion perce un épais couvert nuageux et passe sous le plafond qui nous cachait un horizon de montagnes et de mer. Il s’écoule du ciel bas une multitude de névés, taches de neiges difformes qui s’étirent jusqu’au sol.


Des touristes dans Longyearbyen
Des touristes dans Longyearbyen
Longyearbyen
Je viens enfin de mettre pied en Arctique, dans la petite ville de Longyearbyen, capitale du vaste archipel du Svalbard qui s’étend du 78e au 81e parallèle. Cette communauté se trouve sur l’île du Spitzberg ou vit la très grande majorité de la population d’environ 2 200 habitants. C’est la ville la plus nordique du globe…


Svalbard : le bout du bout du monde… ! (reportage)
Moi qui me réjouissais tant de voir arriver l’été chez nous, je me retrouve à 3 degrés C, sous le crachin. Les prochains 10 jours devraient varier entre 0 et 10 C. « Attention aux ours polaire, » m’a bien averti le douanier à l’aéroport d’Oslo.

Longyearbyen jouit d’un statut politique et économique original. Il s’agit officiellement d’un territoire norvégien mais il n’est pas comptabilisé dans la superficie de la Norvège. Il échappe à la fiscalité norvégienne et s’administre de façon autonome. Il s’agit en fait d’un territoire international, un peu comme l’Antarctique, dont l’exploitation des richesses naturelles est ouverte à tous les pays.

Développement touristique
Le tourisme au Svalbard a débuté par des expéditions de chasse des riches sporstmen au début des années 1820. L’ouverture de bureaux postaux autour de l’archipel a ensuite favorisé un tourisme plus structuré et les expéditions privées avec le service maritime régulier. Longyearbyen, comme l’ensemble du Svalbard, a été pris d’assaut par les compagnies minières russes et norvégiennes et n’a disposé d’aucune infrastructure d’accueil digne de ce nom avant la toute fin des années 1980. Depuis 1989, la petite communauté a développé plus de 800 places d’hébergement et vend près de 90 000 nuitées annuellement. Au départ, les touristes étaient majoritairement Norvégiens mais, visiblement, la clientèle s’est énormément diversifiée depuis. On observe même de nombreux Australiens et Néo-Zélandais, des Britanniques, des Américains, des Brésiliens, plusieurs Canadiens et, naturellement, des Japonais et des Chinois. Peu de Québécois et quelques Français. Il faut dire que les croisières se déroulent essentiellement en anglais.


L'Itinéraire de la croisière
L'Itinéraire de la croisière
À partir de Longyearbyen, les visiteurs peuvent pratiquer nombre d’activités : vélo, randonnée, chasse et pêche, motoneige, traîneau à chiens, toujours en compagnie de guides armés afin de contrer la menace des ours polaires. L’endroit compte aussi quelques musées dont le très intéressant Musée Arctique de Norvège puis un autre portant sur les grandes expéditions nordiques. Et on peut, d’autre part, profiter du nombre étonnant de boutiques d’équipement de plein air ou de souvenirs, des restaurants (dont un thaï et un de sushi), bars, cafés et le magasin grande surface Svalbardbutikken qui vend de tout, de la nourriture aux vêtements, du mobilier aux souvenirs. C’est là que se trouve le comptoir d’alcool qui s’avère exceptionnellement bien fourbi et dont les prix sont moins exorbitants que sur le continent, le Svalbard étant une zone hors taxes. La bière y est trois fois moins chère qu’à Oslo et les produits de la nouvelle microbrasserie locale sont excellents.

Un grande partie des voyageurs qu’accueille Longyearbyen n’y passent que 24 heures ou moins puisqu’ils y viennent pour l’embarquement à bord des bateaux de croisières qui sillonnent l’archipel. L’endroit reçoit aussi de nombreux paquebots de 2000 passagers et moins, lors de croisières sur les côtes scandinaves et même à l’intérieur du Svalbard.

La compagnie Scandinavian Airlines dessert Longyearbyen à partir d’Oslo avec quelques vols quotidiens directs ou avec escale à Tromso. Air Canada propose Oslo avec un vol Montréal – Bruxelles et Brussels Airlines qui prend le relais jusqu’à Oslo.

L'Akademik Loffe
L'Akademik Loffe
Prenons la mer…
L’Akademik loffe n’est pas un jeunot mais il est exceptionnellement silencieux et stable puisqu’il a été conçu et est encore utilisé pour faire de recherches océanographiques pour l’Académie russe d’océanographie.

Svalbard : le bout du bout du monde… ! (reportage)
Construit à la fin des années 1980, il est affrété 8 mois par année par One Ocean Expeditions, un armateur de l’Ouest canadien, pour explorer le Svalbard et l’Arctique canadien avant de se déplacer vers l’Antarctique. La croisière autour de l’archipel connaît son point culminant au moment de traverser le 80e parallèle, à 600 miles nautiques du Pôle-Nord, une latitude rarement atteinte par les voyageurs.

Entretemps, les croisiéristes sont invités à deux sorties quotidiennes sur la terre ferme ou en mer. Tous sont amateurs de photographie et rêvent de rapporter des images d’oiseaux, de morses, de rennes, de renards arctiques, un souffle de rorqual bleu et, surtout, d’ours polaires. Tout cela dans un cadre naturel plus que grandiose. Des montagnes et des glaciers plein l’horizon.

La croisière propose, à prime abord, un programme préétabli mais le déroulement quotidien de l’expédition est largement soumis aux aléas de la météo ainsi qu’au hasard des rencontres et des observations.

Svalbard : le bout du bout du monde… ! (reportage)
L’ours polaire
Pour apercevoir les ours, il faut s’engager dans la banquise morcelée, au large du rivage, là où la vedette incontestable de l’expédition chasse et vit quasi en permanence, à la recherche de phoques dodus principalement. Le nôtre a été décelé par les guetteurs avec leurs télescopes, bien avant qu’aucune lentille ne puisse le détecter. Ce fut d’abord un point jaunâtre qui se déplaçait au lointain. Puis qui se rapprochait au pas à pas du bateau, se définissait et a fini par occuper tout le viseur. Avec ce qui ressemblait à une paresse extrême, la bête s’étirait parfois le cou et jetait un regard en direction de ce vaisseau de fer aussi blanc que la banquise et l’armada de chasseurs d’images qui le mitraillait à partir de la proue ou du pont supérieur. Sur son bloc de glace, la tête au-dessus de l’eau ou pouvait se pointer un phoque imprudent, le roi indolent de l’Arctique attendait son heure et posait au grand bonheur des voyageurs qui ont investi leur chemise pour avoir le privilège de l’apercevoir.


Des encadreurs toujours armés
Des encadreurs toujours armés
Personnel impressionnant
La qualité première de la croisière avec One Ocean Expeditions est indéniablement le grand professionnalisme de son personnel. Parmi eux, Boris, un directeur de croisière extrêmement dynamique, drôle et parfaitement en contrôle. Avec lui, plusieurs spécialistes expérimentés sur tout ce qui touche la faune, la flore, l’histoire, la géologie, l’ornithologie et la photo. On compte même un artiste peintre en résidence qui s’inspire des paysages ambiants pour produire de superbes aquarelles. Autant de gens capables de diriger une sortie en kayak de mer, de conduire un pneumatique, de sécuriser un territoire sur lequel les passagers vont débarquer et de se servir d’une arme à feu. De raconter des histoires « autour du feu » le soir venu. De parler autant des morses que de l’histoire d’un ancien site de baleiniers ou de décrire le fonctionnement du bateau. L’équipe est toujours souriante, affable et disponible. Tous des fanatiques de l’Arctique et de l’Antarctique. Des gens qui cumulent nombre d’expertises très pointues et qui partagent leurs connaissances avec enthousiasme.


Une artiste peintre en résidence
Une artiste peintre en résidence
Le personnel Russe en salle et en cuisine est tout aussi aimable et serviable, efficace et rapide.
Le petit bar est l’endroit de rencontre pour plusieurs durant le 5 à 7 qui se déroule après les activités qui se terminent souvent tardivement sous le soleil de minuit. Le prix des alcools est très raisonnable et on propose une carte des vins relativement courte mais bien balancée et peu dispendieuse (Saint-Émilion à 18 $ US).

La cuisine est toujours excellente sans prétendre à la gastronomie. Petit déjeuner et lunch sont offerts en formule buffet, très généreux et diversifiés. Le souper est servi à la table et on y propose toujours un poisson, une viande et un mets végétarien. Au menu : agneau, canard, bœuf, pâtes et divers poissons toujours apprêtés et cuits de façon impeccable.


Kayak en option
Kayak en option
Des activités pour tous
Pour chaque sortie, les passagers se retrouvent dans la salle d’habillage pour enfiler les bottes et les vestes de sauvetage. Ils ont déjà dans leurs chambres un survêtement, un manteau, des lunettes d’approche et un sac au sec. Tout est fourni.
Avant le départ, des membres de l’équipage ont sécurisé le territoire qui sera arpenté par les croisiéristes pour s’assurer qu’il n’y a pas d’ours polaires dans les parages et pour confirmer la présence de sujets d’observation intéressants : rennes, renards, morses et oiseaux. Certains sites ont également un intérêt historique pour avoir été occupés dans le passé par des baleiniers, des mineurs ou des scientifiques.

BBQ sur le pont au 80e parallèle
BBQ sur le pont au 80e parallèle
Pendant que les excursionnistes se préparent, les pneumatiques et leur conducteur sont mis à l’eau avec une grue et l’escalier d’embarquement est fixé. Les pneumatiques se présentent un à un au bas de l’escalier. Tous les aspects sécuritaires sont vérifiés et revérifiés. Les consignes sont données. Et c’est un départ pour une observation en mer ou un débarquement sur le rivage.

Les marcheurs partent en randonnée sur les sommets des pierriers instables. Les ornithologues amateurs vont s’accroupir durant des heures devant une falaise où nichent des milliers de petits pingouins, des guillemots à miroir qu’on peut observer et photographier à quelques dizaines de mètres. En zodiac, ils pourront s’approcher des macareux moine, des sternes arctiques, des fulmars, des goélands et d’autres.

Dinghi
Dinghi
D’autres choisiront le kayak de mer pour explorer cet environnement en toute intimité, avec un encadrement sécuritaire optimal et des équipements de qualité impeccable. Certains préféreront se balader à leur rythme. Photographier longuement les morses avachis sur la plage. La croisière accommode autant les plus sportifs et les plus aventuriers que les voyageurs moins en forme ou plus âgés.

Informations : One Ocean Expeditions: www.oneoceanexpeditions.com

À Lire également : le reportage d'Yves Ouellet réalisé à Oslo: Oslo, sous le soleil de minuit

Svalbard : le bout du bout du monde… ! (reportage)

Le navire

Svalbard : le bout du bout du monde… ! (reportage)
Nom officiel: Akademik Sergey Vavilov
Construction: 1988, Rauma, Finlande
Longueur: 117 m
Tonnage: 6 450 tonnes
Tirant d'eau: 6 m
Puissance: 5 000 hp diésel
Vitesse max: 14,4 nœuds
Équipage et personnel: 65
Passagers: 92
Chambres:
Oce Ocean Suite: 1 - Deux pièces, lit queen, TV/DVD, salle de bain
Shackleton Suites: 5 - Lit double et sofa, Salle de bain
Cabine supérieure: 3 - Deux lits simples, sofa, table de travail, salle de bain
Cabines doubles: 11 - Deux lits simples, table de travail, salle de bain
Cabines doubles semi-privées: 4 - Deux lits simples, table de travail, salle de bain partagée
Cabine triple: 2 - Lits superposés et sofa transformable, salle de bain extérieure, lavabo.

Mardi 1 Août 2017 - 12:30






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