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L’autre Portugal : du Sud au Nord



Evora. (crédit photo Visit Portugal)
Evora. (crédit photo Visit Portugal)
Texte et photos : Yves Ouellet ----------- Au Portugal, comme partout ailleurs, on ne peut prétendre avoir vu ou connaître un pays et sa population en s’en tenant à sa capitale ou aux grandes villes. Hors de Lisbonne et de Porto se déploient nombre de panoramas radicalement différents, de climats, de cultures régionales, de profils historiques et culturels. Et c’est ce qui est littéralement fascinant !

Le Portugal se divise naturellement en deux grandes régions : le Nord et le Sud. Cette démarcation s’impose sur tous les plans. Si on trace la ligne à la hauteur de la baie de Setubal, ville négligée par les touristes bien que très intéressante, on trouve au centre de la région de l’Alentejo et au sud de l’autoroute E90, la charmante ville d’Évora. Il n’y a pas meilleur exemple d’ancienne cité romaine fortifiée avec sa toile concentrique de rues et ruelles qui convergent vers la grande place centrale Praça de Giraldo. C’est l’endroit idéal où s’installer sous le soleil le midi, en savourant une sublime soupe à la morue et au pain et une spécialité viticole régionale. Avec ses temples, ses musées, son palais et ses ruines romaines (à voir en soirée) elle meuble agréablement une journée. On laisse l’auto dans le grand stationnement gratuit au sud des murs et on n’entre surtout pas en voiture à l’intérieur.
À 12 km à l’ouest d’Évora, il ne faut pas manquer l’impressionnant site mégalithique d’Almendres, le plus important de toute la péninsule Ibérique, qui remonte à 6 000 ans avant notre ère et qui se trouve aujourd’hui au milieu d’une culture de chêne-liège.

Arrifana
Arrifana
L’Algarve
La région côtière de l’Algarve se veut la Costa del Sol du Portugal, en un peu plus modeste. Son intérêt réside naturellement dans son climat ensoleillé, quasi désertique, et dans ses plages mais aussi dans le fait que les amateurs de grands hôtels et d’animation y trouvent leur compte (surtout au sud). Tout comme les voyageurs plus sauvages qui fuient les foules (plus à l’ouest). D’Évora, obliquons donc vers la côte Vicentina et le parc naturel du Sud-Ouest Alentejano qui couvre la quasi-totalité de la côte ouest et de la pointe sud.


Dans une nature austère et dramatique, au fil d’une côte escarpée et découpée avec ses criques profondes au fond desquelles s’étendent des plages spectaculaires, on trouve une succession de hameaux suaves fréquentés par les adeptes de surf, les Wesftaliens, les amants de nature, d’authenticité et de paix. Près de la ville d’Aljezur, on découvre le petit village bucolique d’Arrifana, juché au-dessus d’une plage extraordinaire. Petites auberges, appartements, quelques bons cafés et restos. Deux excellentes tables : L’Oceano et, dans le décor éblouissant d’un cap massif, le O’Paulo.
Juste au nord, en s’égarant sur la route, nous avons aussi la révélation d’un des plus merveilleux panoramas côtiers, de sa plage incroyable et de son micro-village : Monte Clérigo. À noter !

La plage de Sagres
La plage de Sagres
Côte du Sud
À partir du Cap de San Vincente, à l’extrême sud du Portugal, l’Algarve prend son visage de station balnéaire. La petite ville de Sagres, qui porte aussi le nom d’une bière populaire, semble le compromis idéal entre le calme et la foule. On y trouve de l’hébergement de grand luxe au B&B modeste en passant par tous les genres et styles. Sa large plage en ville est facilement accessible mais, à quelques kilomètres, celle de Beliche en met plein la vue. Sa forteresse du 18e siècle attire de nombreux visiteurs.

Plage de Beliche
Plage de Beliche
En s’avançant sur la côte vers l’est, on plonge dans ce que certains commentateurs ont appelé le « développement frénétique » de l’Algarve. À Lagos, les hôtels commencent à s’empiler mais la plage sculptée au fond des criques demeure éblouissante. Que la ville soit plus importante, comme Faro, Albufeira ou Tavira, le profil naturel demeure semblable avec un décor urbain toujours magnifique. De superbes endroits pour un long séjour hivernal ou une vacance hors saison, quand la météo est toujours agréable.

Lagos
Lagos
En route vers le nord
C’est un saut de longue portée que de passer du sud de l’Algarve au nord, des terres brûlées jusqu’aux vallées verdoyantes renommées pour leurs vins. Sur les autoroutes, on a l’impression de lambiner à 125 km/h et la sonnerie du percepteur informatisé résonne souvent. La destination finale est Porto mais, auparavant, nous ferons escale à Coimbra et Aveiro.

Coimbra
Coimbra
Coimbra est toujours une ville universitaire grouillante et les jeunes étudiants s'y pavanent en portant fièrement la cape noire et l'habit. L'Université de Coimbra , Patrimoine mondial de l'UNESCO, fête ses 625 ans en 2015. Elle compte l'une des plus anciennnes (16e siècle) et des plus riches bibliothèques du monde avec plus de 60 000 livres très anciens.

Les salles de classe semblent inchangées depuis des siècles et il s'y donne toujours des cours sur des bancs inconfortables. La tour de l'Université domine toute la ville et nous offre de splendides points de vue au bout d'un long et étroit escalier en colimaçon. La cafétéria propose une cuisine succulente à peu de frais.

Coimbra a aussi son fado qui est chanté exclusivement par des hommes, étudiants et anciens, portant tous la cape noire. Ce chant sert exclusivement à sérénader les filles de façon on ne peut plus romanesque. On a généralement deux musiciens sur scène: guitare classique et guitare portugaise, un instrument vraiment splendide. Souper dans un petit resto acclamé par la critique, Fangas, qui ne sert que des entrées à partager. La cuisine est divine mais évitez le boudin qui est un saucisson fumé en réalité. En soirée, retour sur la place publique, devant la cathédrale illuminée, où les musiciens que nous avions vus deux heures avant en salle reprennent le même spectacle... Mais gratos cette fois.

Aveiro, la Venise du Portugal.
Aveiro, la Venise du Portugal.
Quant à Aveiro, à 5 kilomètres de la mer, le surnom qu'elle s'attribue, la Venise du Portugal, est quelque peu prétentieux mais n'empêche que cette petite ville a suffisamment d'attraits pour nous faire céder à son charme. L’activité la plus populaire est le tour de ville par les canaux dans la réplique colorée d’une ancienne barque de pêche.

Aveiro
Aveiro
On démarre l'exploration près de l'ancienne gare toute belle avec ses faïences et une œuvre moderne contrastante. Tout de suite, on goûte la sucrerie locale par excellente, les ovos, des coquilles de pâtes d'hosties farcies de diverses gelées. Les Portugais ont le bec extrêmement sucré et les pâtisseries pullulent avec une spécialité pour chaque endroit. Superbes églises et magnifiques monuments anciens mettent toujours en valeur d'extraordinaires faïences, marque de commerce nationale. On y admire aussi des représentations des saints et du Christ d’inspiration baroque qui étonnent par leur réalisme.

J’adore la visite des cimetières et celle du cimetière municipal, lorsqu’on finit par trouver l’entrée, reste un point fort du séjour. Densément occupé et très bien entretenu, il est entouré de chapelles familiales qui laissent voir les tombes à l'intérieur et dont les portes sont souvent ouvertes. Les monuments sont sobres, sauf quelques-uns plus ostentatoires. Surveillez la programmation du Theatro Aveirense qui offre de belles surprises.
Du temps qui restait hors des grandes villes, nous avons goûté à la croisière dans la vallée du Douro, dans la section la plus grandiose, de Regua à Pinhao, la suite étant également spectaculaire. Cette navigation s’avère incontournable mais j’ai acquis la conviction que la croisière de 3 à 5 jours doit être extraordinaire.



Vallée du Douro
Vallée du Douro

Vendredi 4 Mars 2016 - 11:11






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