Vous lisez J'ai mon voyage!

'Il faut être flexible ou périr'. Kell Ryan, co-fondateur de Ryan Air

Le co-fondateur de Ryanair, Kell Ryan, estime que les compagnies traditionnelles vont devoir accélérer leurs restructurations pour survivre.



'Il faut être flexible ou périr'. Kell Ryan, co-fondateur de Ryan Air
Même s'il est officiellement retraité depuis deux mois, Kell Ryan, co-fondateur de la société de transport low cost Ryanair, n'a rien perdu de sa fougue lorsqu'il est interrogé sur les perspectives d'évolution de sa société en particulier, et du secteur aéronautique en général. De passage hier au Luxembourg pour le lancement officiel d'une formation de troisième cycle en avionique, il a accepté dans un entretien avec le LW de dégager les grands enjeux qui se dessinent pour les compagnies aériennes européennes.

Avec 24 millions de passagers transportés au cours de l'année écoulée vers 84 destinations dans 14 pays, Ryanair est aujourd'hui la première compagnie dite low cost en Europe. Et à en croire le co-fondateur de la société aujourd'hui cotée à Londres, Dublin et sur le Nasdaq, "Ryanair dépassera British Airways dans les trois à quatre ans à venir". A l'horizon de huit à dix ans, elle pourrait même s'imposer dans la cour des plus grands transporteurs aériens internationaux!

Kell Ryan tient à le spécifier: son avis n'engage désormais que lui. Il n'empêche que ses prévisions en disent long sur l'appétit de croissance de la compagnie irlandaise, dont le chiffre d'affaires a progressé en moyenne de 25 % par an depuis l'arrivée aux commandes de Michael O'leary, en 1990. "Avec l'ouverture de l'Union européenne, les perspectives de développement du marché sont énormes", indique-t-il en rappelant que les compagnies à faible coût ne représente encore que 7 % du marché du transport de passagers en Europe.

Une évolution irréversible
Cette croissance se fera-t-elle au détriment des compagnies aériennes traditionnelles? Pas uniquement. "Les compagnies low cost comme Ryanair offrent à des gens qui n'ont jamais mis les pieds dans un avion la possibilité de voyager pour un prix modique. Notre offre crée à cette égard une nouvelle demande. Mais il y a aussi de plus en plus de passagers qui viennent sur nos lignes car ils n'acceptent plus de payer aussi cher", dit-il.

Pour Kell Ryan, le maître-mot de la réussite réside dans la flexibilité. "Pour être compétitive, une entreprise doit pouvoir demander à ses employés de prendre en charge plusieurs tâches et d'être réactifs", dit-il. De fait, les compagnies low cost sont connues pour exiger de leurs employés une grande polyvalence, y compris au niveau des cadres. Cela assorti d'un intéressement salarial.

Ce type d'organisation est-il transposable dans une société établie de longue date comme Luxair, Air France ou Bristish Airways? Kell Ryan reconnaît que l'évolution sera difficile, mais il est persuadé que toutes en passeront par là. "L'évolution de ces cinq dernières années est irréversible. Les compagnies traditionnelles devront s'y adapter ou périr", estime-t-il en prenant l'exemple d'Aer Lingus, une compagnie irlandaise au bord de la faillite qui a pu se redresser grâce à une restructuration massive.

Dans une compagnie comme Ryanair, tous les coûts sont compressés au maximum. Le personnel de cabine est réduit, les réservations se font par internet, les destinations sont des aéroports régionaux, un seul type d'appareil est utilisé, le nombre de sièges par appareil est augmenté, etc. Des mesures drastiques qui ne mettent nullement en cause, d'après Kell Ryan, la préoccupation numéro un des passagers à bord, à savoir la sécurité. "Nous respectons les normes internationales en la matière. En outre, la flotte de 737 de Ryanair est extrêmement jeune", dit-il en précisant que d'ici cinq ans, la société aura la flotte la plus moderne du secteur puisque "chaque mois, un à deux 737 est renouvelé". Une condition sine qua non pour rester performante.

Mardi 18 Mai 2004 - 00:00






Inscription à la newsletter