Changement de garde chez Air France: une soirée chargée d’émotions

Par Nathalie De Grandmont --- « Mon séjour au Canada m’a apporté énormément sur le plan professionnel et personnel. Et je laisse ici beaucoup d’amis. » C’est avec ces mots-là et la voix nouée par les émotions que Christian Lahccen a terminé son discours hier soir, à l’hôtel Sofitel, devant une salle remplie de dignitaires, gens d’affaires et professionnels de l’industrie touristique.

En poste au Canada depuis 2004, Christian Lahccen cédait hier soir le flambeau de vice-président et directeur général d’Air France au Canada à Bénédicte Duval, qui entrera officiellement en fonction d’ici quelques jours. Monsieur Lahccen a évoqué la vitesse incroyable avec laquelle avaient filé ces 4 années bien remplies et il a rappelé à ses invités quelques-uns des moments forts qui figureront parmi ses meilleurs souvenirs de son mandat au Canada. Parmi eux, monsieur Lahccen place en tête de liste l’incroyable opération du A380, menée conjointement par Air France et Airbus l’automne dernier. « Même avec seulement 538 sièges dans l’avion; cette fois-là, nous avons pu embarquer tout le Canada! Les gens sont venus voir l’avion, les médias ont « embarqué » comme jamais, et même nos invités du vol inaugural - tous de grands voyageurs - semblaient heureux comme des enfants au camp de vacances! Ça m’a fait très plaisir, s’est-il empressé d’ajouter, car il y avait longtemps qu’on n’avait pas parlé de haute technologie dans l’aviation et cette opération a permis de redonner ses lettres de noblesse à l’industrie. »

En conférence de presse un peu plus tôt, Monsieur Lahccen a aussi dressé un bilan plus complet des principales réalisations de son équipe au cours de son mandat : la croissance importante de l’offre et du nombre de sièges (incluant l’arrivée d’un nouveau 747 sur la desserte Paris-Toronto), le nouveau salon d’Air France à l’aéroport Montréal-Trudeau (qui a permis de séduire encore davantage la clientèle d’affaires), le nouveau centre de service après-vente et d’appels qui dessert toute l’Amérique du Nord à partir de Montréal, l’amélioration de nombreux services au sol (dont les nouvelles bornes libre-service), et bien d’autres. « Il faut dire, reconnaissait-il, que le Canada a toujours répondu présent! Et en raison de nos belles performances sur ce marché, nous avons pu bénéficier d’une grande écoute de la part de notre siège (à Paris), pour faire valoir ce marché et le développer encore davantage! »

Une nouvelle venue, prête à relever des défis

« Vu la taille de monsieur Lahccen, les chaussures seront difficiles à chausser »; faisait remarquer à la blague celle qui s’apprête à lui succèder. Bien qu’il s’agisse de sa première affectation à l’étranger, Bénédicte Duval connaît cependant déjà le Québec car elle y a fait une maitrise en finances à l’Université Laval, à Québec. « Je connais déjà la grande loyauté et la fidélité des Québécois, dont mes collègues d’Air France m’ont aussi beaucoup parlé; disait-elle ». A Air France depuis 1986, madame Duval a été chef des ventes d’Air France Cargo, responsable du centre d’appels de Paris, directrice de la distribution globale et, plus récemment, chef de projet à la Direction Commerciale Internationale d’Air France KLM. Entre autres mandats, madame Duval a notamment orchestré la fusion de ces deux équipes, constituées de 8200 employés dans le monde. Comme elle le faisait remarquer en conférence de presse, une partie de son prochain mandat sera donc de réaliser de semblables actions avec Northwest, le partenaire nord-américain d’Air France. Et avec la possible fusion de Delta et de Northwest, la tâche - et les enjeux – ne seront pas des moindres.

Même si Bénédicte Duval hérite d’un marché visiblement bien performant pour Air France, elle arrive tout de même à un moment de grande inquiétude, alors que le prix record du baril de pétrole force tous les joueurs à réagir et à s’ajuster constamment. « Notre industrie est en pleine révolution, déclaraient conjointement monsieur Lahccen et madame Duval. Et entre autres choses, cette industrie devra se tourner de plus en plus vers des préoccupations environnementales, auxquelles souscrivent déjà KLM et Air France. » « Nous sommes aussi en pleine chasse au poids », affirmait madame Duval. « Cherchant sans cesse à alléger chaque chose à bord des appareils, kilo par kilo! ». Chose certaine, Bénédicte Duval semble à la fois réaliste, pragmatique et définitivement prête à prendre beaucoup de poids sur ses épaules... Quant à Christian Lahccen, il partira travailler du côté de Toulouse, une ville-clé pour l’aviation française et pour Air France. Mais parions qu’il reviendra faire son tour ici à l’occasion : ne serait-ce que pour revoir l’hiver (oui, vraiment ?) ou ses nouveaux amis québécois...

Ayant aperçu de nombreux visages tristes dans la salle hier soir, je suis certaine qu’une bonne partie de l’industrie touristique conservera de bons souvenirs de son passage parmi nous. Au revoir Christian! Et bienvenue Bénédicte ! A eux deux, nous souhaitons de bons succès dans leur nouvel emploi.