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Labrador, la naissance d'une destination unique



Labrador, la naissance d'une destination unique
Nous vous proposons une série de 3 reportages sur un phénomène totalement inhabituel dans l’industrie touristique : l’apparition d’une nouvelle destination québécoise et canadienne ainsi que d’un circuit touristique routier qui s’imposera inévitablement comme un must pour les amateurs de tourisme d’aventure. Notre collaborateur, Yves Ouellet, a parcouru durant six semaines cette nouvelle loupe de 7 000 km.

Le départ, à Baie Comeau.
Le départ, à Baie Comeau.
Labrador, la naissance d’une destination unique

Texte et photos : Yves Ouellet ---- Ce n’est pas tous les jours qu’apparaît sur l’échiquier touristique un nouveau circuit de 7 000 km donnant accès, en partie, à un territoire vierge et à une population qui s’ouvre sur le monde. Nous ne sommes pas ici en Afrique ou en Amazonie mais dans l’extrême Est du Québec et du Canada.

Le circuit en question permet de relier par route la Côte-Nord, depuis Baie-Comeau, le Labrador, l’est de la Basse-Côte-Nord (Blanc-Sablon) et le nord de Terre-Neuve avant de rentrer par la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick.

Route 510 et 389
C’est essentiellement la finalisation du lien manquant de la route 510, aussi appelée « Labrador Highway », qui rend possible cette loupe équivalente à la traversée de tout le Canada, de St John’s (TN) à Victoria (CB) en terme de distance. Le nouveau segment, une route de gravier de près de 800 km, relie les communautés de Goose Bay, au cœur du Labrador, à Red Bay, sur la côte atlantique.

Déjà, on pouvait se rendre jusqu’au Labrador par la route 389, que plusieurs voyageurs connaissent puisqu’elle conduit au légendaire barrage Manic V. Cette dernière se continue jusqu’à la ville fantôme de Gagnon puis Fire Lake et au paysage apocalyptique de la mine Arcelor Mittal, au mont Wright, tout près de la ville minière de Fermont, réputée pour son fameux '' mur ''. Il s’agit d’un bâtiment qui réunit appartements, hôtel, commerces et services publics (piscine, gymnase et autres) dans un concept architectural d’inspiration scandinave formant un écran de 1,3 kilomètre de longueur, qui protège des vents l’autre partie de la ville blottie derrière.



Direction Manic V.
Direction Manic V.
À la limite du Labrador, à quelques kilomètres à peine de Fermont, le compteur affiche 566 km. Jusqu’à Manic V, la route aura été sinueuse mais agréable alors que la suite réserve des conditions infernales sur quelques sections. Les pires des 7 000 km de l’ensemble du circuit.
La route 500 nous attend au Labrador où l’on traverse les villes voisines de Labrador City et Wabush avant de s’engager vers Churchill Falls et la municipalité de Happy Valley – Goose Bay. Plus de 550 km de bonheur sur un bitume en parfaite condition et dans un décor qui tend ostensiblement vers la nature nordique. Famille d’ours noirs et orignaux nous regardent passer dans une relative indifférence.


Auparavant, certains voyageurs intrépides se rendaient jusqu’à Goose Bay et montaient à bord du traversier MV Sir Robert Bond pour une croisière de 36 heures jusqu’à Lewisporte, Terre-Neuve. Maintenant, on peut donc poursuivre sur la nouvelle route 500 et c’est là que l’aventure commence vraiment puisqu’il s’agit de 623 km d’une des routes les plus isolées d’Amérique du Nord. À cela s’ajoutent certaines bifurcations comme les 75 km pour se rendre à Cartwright, le point le plus nordique du périple, et d’autres embranchements qui rejoignent des villages côtiers.

Sur la 500.
Sur la 500.
On vient de compléter le pavage sur environ 70 km à partir de Goose Bay puis on retrouve l’asphalte entre 470 km et 750 km plus loin selon les endroits visités. Heureusement, la surface de gravier du Labrador Highway est de qualité optimale. C’est en montant sur l’asphalte à Red Bay que débute le chassé-croisé entre les nids de poule et les nids d’autruche qui se poursuivra malheureusement tout au long du Labrador Coastal Drive puis de presque toutes les routes de Terre-Neuve.

Des rencontres hasardeuses.
Des rencontres hasardeuses.
À Blanc-Sablon, 90 minutes plus tôt, on se retrouve au Québec sur 69 km de la superbe portion finale de la 138 qui relie Blanc-Sablon à Vieux-Fort et dont on attend toujours la prolongation qui connectera définitivement la Basse-Côte-Nord au reste du Québec. On passera ensuite à Terre-Neuve par le traversier qui fait le lien entre Blanc-Sablon et St Barbe, Terre-Neuve. Cette route unique et fascinante crée conséquemment un nouveau road trip permettant d’explorer l’île de Terre-Neuve en faisant une loupe plutôt qu’un aller-retour.


Entre Red Bay et Blanc Sablon.
Entre Red Bay et Blanc Sablon.
La clientèle potentielle
Avouons-le tout de go, la route du Labrador n’est pas classée grand public. Elle nourrit les rêves et les fantasmes des aventuriers, surtout en VR, mais pour certains, en voiture, en moto et même à vélo. Une faune de voyageurs avisés, expérimentés, qui comprennent bien le sens du mot « autonomie » et qui sont conscients de ce que peut représenter une panne ou une crevaison au milieu de la taïga, à plusieurs centaines de kilomètres du premier garage, au milieu des ours noirs et des mouches noires. Si vous ne vous reconnaissez pas dans cette description, ce circuit n’est peut-être pas pour vous ?

On pourrait trouver ces bourlingueurs un peu masos… ? C’est possible ! Toutefois, plusieurs envieront leur intrépidité. Curieusement, l’expérience m’a démontré qu’il s’agit souvent de personnes qu’on qualifierait « d’aînés », dont l’expérience permet de relativiser les risques de l’inconnu en maximisant les plaisirs de la découverte. Ce sont aussi des gens qui ont du temps. Beaucoup de temps. De la curiosité et de l’ouverture d’esprit. Plus avides de trouvailles que de confort et de beau temps puisque la météo clémente peut se faire rare sur ce territoire. On trouve également ici une catégorie de voyageurs très spéciale : les collectionneurs de routes mythiques. Ceux qui couvrent leur roulotte de collants du genre : « I did the Yukon Highway » ou « I survived the Trans Alaska Highway », « I have been to Inuvik » et le fameux « I love Road 66 » naturellement.


Blanc Sablon.
Blanc Sablon.
L’autre côté de la médaille
Pour la partie de la population de la côte du Labrador et de la Basse-Côte qui vit le plus au sud, le tourisme n’est pas un phénomène nouveau puisque des autocars de voyageurs en provenance de Terre-Neuve traversent régulièrement pour visiter le site historique national de Red Bay. Aussi le navire N/M Bella Desgagnés déverse chaque vendredi son lot de croisiéristes à Blanc-Sablon.
Plus au nord, la route suscite un bouleversement social sur lequel on s’interroge encore. Au point de vue touristique, les entreprises apparaissent, de même que les pourvoyeurs, un parc national et des infrastructures au sein de microsociétés qui n’aiment pas les changements trop rapides mais qui demeurent incroyablement accueillantes envers ces êtres curieux qui partent de si loin pour venir les voir en s’enthousiasmant pour leur pays. Après tout, n’est-ce pas souvent à-travers les yeux des étrangers que se révèlent les beautés de notre propre univers ?

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Vendredi 26 Août 2016 - 13:08






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